André Jolivet, Complete works for Flute, Hélène Boulègue (flûte), François dumont (piano), Olivier Dartevelle (clarinette), David Sattler (basson), Jean-Christophe Garzia (alto) […] Cordes de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg. Naxos 2019-2020 (2 v. 8-57-3885 ; 8-574079)
Enregistré les 27-29 décembre 2017 et 29-30 octobre 2018, Conservatoire de la Ville de Luxembourg.
André Jolivet est un de ces compositeurs électroniquement libres et sans étiquette qui ont donné du lustre à la musique française comme Henri Dutilleux ou Henri Tomasi. Disons qu’il est un compositeur post-tonal, plus à la recherche d’une expression personnelle que de l’adhésion à un collectif ou à une esthétique prédéfinie, voire à suivre le sillage hérité d’un maître. Il pensait d’ailleurs que les principes issus de l’œuvre d’un génie perdaient toute grandeur quand on les appliquait comme des règles.
Il a commencé le piano à l’âge quatre ans, a tenté un moment la clarinette, puis s’est mis au violoncelle. Interdit de carrière musicale sur injonction parentale, il intègre l’École normale. En 1924, il est instituteur de la ville de Paris, il le sera jusqu’en 1942. Parallèlement, il prend les leçons du Breton revendiqué Paul Le Flem puis d’Edgar Varèse, hors toute institution, et participe à la vie musicale de la capitale.
Les œuvres de ce cédé couvrant une période allant de 1936 à 1972, on peut signaler qu’on distingue plusieurs périodes dans l’œuvre d’André Jolivet. Une première de rupture, qu’on caractérise comme primitiviste. La guerre a marqué le compositeur qui à partir de 1940 semble vouloir se rapprocher de l’humanité en puisant dans des modèles plus communs et les polarisations tonales, voir des échelles modales, et à partir du début des années 1960 on peut observer un certain retour au primitivisme.
Il reste une musique peu classable, libre, parfois furieuse comme l’est celle de Béla Bartók, et comme elle pulsée par une extraordinaire virtuosité rythmique doublée de la maîtrise des timbres et de la projection sonore. Une musique incantatoire, initiatique, pouvant chercher la transe.
André Jolivet, violoncelliste, à beaucoup composé pour les cordes, mais a laissé de nombreuses pièces pour flûte solo ou flûte première appréciées par les instrumentistes. Cette flûte, qui selon le compositeur, « … charge les sons de ce qui est en nous d’à la fois viscéral et cosmique ».
Hélène Boulègue est nommée à dix-neuf ans flûtiste dans l’orchestre philharmonique du Luxembourg, alors qu’elle entame son cursus au Conservatoire national de Paris. Elle s’est perfectionnée au Conservatoire supérieur de Karlsruhe jusqu’en 2015, où elle emporte un second Prix du Printemps de Prague. Deux ans plus tard elle empoche le premier Prix du Concours de flûte de Kobe.
Elle se produit comme première flûte ou picolo solo dans divers orchestres de premier plan en Allemagne et aux Pays-Bas, au Japon.
C’est une très belle réalisation, d’autant qu’elle déplace beaucoup de monde, pianiste, percusionnistes, harpiste, bassoniste, orchestre à cordes.
En prime une magnifique vidéo de présentation, peut-être plus Schubert que Jolivet, mais magnifique et originale