André Jolivet était sans doute un homme de foi mais pas un homme de religion.
La biographie a été rédigée par Christine Jolivet-Erlih avec l’aide amicale de Catherine Massip
Introduction de Lucie Kayas
Dès sa prime jeunesse, André Jolivet concevait sa musique comme une forte affirmation de non-conformisme. « Position que je conserverai coûte que coûte et qui me permettra peut-être dans l’avenir d’exprimer d’une façon non moins indépendante mais, j’espère, plus parfaite, les nouveaux rapports sonores dont
je sais l’existence et dont je pressens l’éclosion » (André Jolivet, 1933).
Force nous est de constater que tout au long de sa vie, André Jolivet est resté fidèle à cette devise que l’extrême variété d’une production de plus de deux cents œuvres illustre avec évidence. Une autre conviction restera sienne de Mana
1935) à La Flèche du temps (1974) : « Rendre à la Musique son sens originel antique, lorsqu’elle était l’expression magique et incantatoire de la religiosité des groupements humains ».
Certes, Jolivet ne se voulait d’aucune école, mais il ressentait la nécessité d’écrire une musique qui s’adresse à tous. Là est son message, qui conjugue humanisme et universalisme.
Ainsi a-t-il abordé tous les genres, de l’œuvre pour un seul instrument à l’opéra (même si Bogomilé ou le Lieutenant perdu demeure inachevé), en passant par toutes les formations possibles de musique de chambre, mélodie, concerto,
symphonie, cantate, oratorio, musique de scène et musique de publicité…
On pourrait également dire qu’il a multiplié les styles, les juxtaposant d’une œuvre à l’autre ou en opérant la synthèse à l’intérieur d’une même pièce. Son inspiration puise aussi bien aux sources des musiques non-européennes traditionnelles qu’à celles du jazz, du dodécaphonisme, d’un certain classicisme, des instruments électriques, mais toujours avec ce même souci : élever la musique à une dimension universelle. En ce sens, son œuvre s’inscrit dans le XXe siècle comme un témoignage puissant de l’histoire de la musique française.