- 1933
Premières rencontres avec Pierre-Octave Ferroud, Olivier Messiaen, Georges Migot, Jean Rivier, Florent Schmitt, Albert Roussel.
Relation amicale avec Antonin Artaud.Premières exécutions à la Société Nationale et aux concerts de la Revue musicale organisés par Henry Prunières.
Premier voyage en Afrique du Nord (Algérie, Maroc) : il y entend les joueurs de flûte traditionnelle ; expérience à rattacher à la composition ultérieure des Cinq Incantations pour flûte seule.Rejoint Varèse en Espagne, via Palma.
Mariage avec Hilda Guigue.
- 1934
Version définitive du Quatuor à cordes.Rencontre avec Serge Moreux, plus tard directeur de la maison de disques Ducretet-Thomson. Il devient un ami proche de la famille et initie Jolivet à l’ésotérisme.Voyage à Alger, Oujda,… en mars et avril.
- 1935
Avec Georges Migot qui la préside, Nestor Lejeune, Daniel-Lesur et Olivier Messiaen, il fonde une nouvelle société, La Spirale, dédiée à la défense de la musique de chambre contemporaine.Cet été-là, il compose Mana, suite pour piano, inspirée par les six objets fétiches que Varèse lui avait donnés avant de repartir pour les USA.
Mana est créé par Nadine Desouches à un concert de La Spirale le 12 décembre.Il compose aussi les Trois poèmes pour ondes Martenot qui seront crées par Maurice Martenot à la Radio nationale, le 6 mai 1935. Dans ces années, Jolivet commence à explorer des instruments nouveaux et des effets de timbres originaux, particulièrement réussis. Il est ainsi l’un des premiers compositeurs à écrire pour ondes Martenot (voir la Danse incantatoire de 1936 pour deux ondes, six percussions et orchestre). C’est l’époque où il déclare qu’il cherche à « rendre à la musique son sens originel antique, lorsqu’elle était l’expression magique et incantatoire de la religiosité des groupements humains ».
Premières exécutions de ses œuvres à la Radio (Poste colonial, P.T.T., Radio-Paris).
Naissance de son fils aîné, Pierre-Alain.
- 1936
Année de la création du groupe « Jeune France » avec Yves Baudrier, Daniel-Lesur et Olivier Messiaen.
Le premier concert du groupe a lieu le 3 juin à la salle Gaveau ; il est dirigé par Roger Désormière (la Danse incantatoire y est créée et ne sera rejouée qu’en décembre 1994). Concert amplement relaté dans la presse par André Coeuroy, Jacques Ibert, D-E. Ingelbrecht, Darius Milhaud, Gustave Samazeuilh, Florent Schmitt, Émile Vuillermoz, entre autres.
Nouveau voyage à Alger.Cinq incantations pour flûte seule.Exécutions du Quatuor, à Budapest puis à Paris, par le Nouveau Quatuor Hongrois.
Rencontres avec Arthur Honegger et Darius Milhaud.
- 1937
Conférence en Sorbonne en janvier, Genèse d’un renouveau musical, à la demande du Docteur Allendy, alors médecin d’Antonin Artaud.
Participation au colloque de la Fédération musicale populaire que Jolivet commentera en septembre 1937 dans « L’Art musical populaire ». - 1938
Création de la revue « La Nouvelle Saison » avec Jean De Beer, Jean Anouilh, Jean-Louis Barrault, André Frank. Jolivet y tient la rubrique consacrée à la musique.
Un article de Suzanne Demarquez « Jeune France 1938 » salue le 3ème concert du groupe dans la Revue musicale, n° 184.
Il compose en six jours avec Daniel-Lesur le ballet L’Infante et le monstre, commande des « Ballets de la jeunesse » dont l’argument est tiré du conte d’Oscar Wilde, L’anniversaire de l’infante. Cosmogonie, prélude dont il écrit une version pour piano et une pour orchestre. - 1939
Article « La Musique : plaid pour le vif » dans La Nouvelle Saison, n° 2/7, juillet 1939 : « Le musicien n’oubliant pas que la musique est d’abord une incantation magique, sera aussi un métaphysicien[…] Et ceci par le moyen du médium sonore. La musique doit être son d’abord… » Pour atteindre ce but, Jolivet s’est éloigné du système tonal y compris dans son développement dernier, le dodécaphonisme, pour utiliser les phénomènes naturels de la résonance, dont les harmoniques y compris les plus éloignés et en rejetant les limites du système tempéré.Il compose la version piano des Cinq danses rituelles.Mobilisation à Fontainebleau.
- 1940
L’expérience de la guerre lui inspire les Trois complaintes du soldat et sa participation aux combats lui vaudra la médaille militaire.
En juin 1940, il échoue avec une trentaine d’hommes de sa batterie dans un petit hameau de la Haute-Vienne.
Pour une présentation des Trois complaintes du soldat, il a écrit :
« Le 24 juin 1940, les 29 hommes qui restaient de notre batterie de 75 anti-chars s’installèrent à Chez Levrant, un hameau de dix feux à l’ouest de la Haute-Vienne. Il ne nous restait plus qu’à dormir, pour rattraper les semaines sans sommeil, et pour ne pas songer à l’avenir. Le temps était splendide. Le dimanche 30 juin, l’après-midi, j’allai m’étendre pour dormir encore, dans un champ près d’une source. L’endroit dominait la vallée d’une petite rivière, la Tardoire, et le paysage baigné de soleil était à la fois intime et immense. C’est là que je repris contact avec la vie. C’est là que dans le pire désarroi moral, et dans un dénuement matériel complet, je repris confiance. Et cette confiance voulut s’exprimer. En quelques instants je notai l’essentiel du texte d’un acte de Foi, d’un acte d’Amour et d’un acte d’Espérance. »Messe pour le Jour de la paix pour voix, orgue (ou cordes) et tambourin.Naissance de sa seconde fille, Christine.